Chaque fois que je m’absente derrière un arbre, je me sens obligé de lui dire que je ne suis au fond qu’un animal l’arrosant d’un peu d’eau et de sels minéraux, bons pour sa croissance. Rien de plus, les éventuels colorants, phosphates, hormones, antibiotiques, antidépresseurs et toutes les autres molécules dérivées du pétrole qui transitent par moi jusqu’à ses racines, sont indépendantes de ma volonté. Figé dans sa catégorie végétale de la nature, l’arbre m’ignore, et ses racines souillées plongent sans se soucier de moi dans l’obscurité minérale. Ma prétendue conscience d’homme et de l’environnement s’écoule entre chaque grain de terre et devient invisible. Les poisons circulent entre les racines de l’arbre qui les aspirent pour les dégrader, les séparer, les combiner, les transformer un jour… loin de ma conscience dissoute dans l’oubli.
Les machines peuvent-elles penser ?
Selon Alan Turing, le fameux mathématicien anglais qui décrypta la machine Enigma utilisée pour communiquer par les allemands lors de la seconde guerre mondiale, plutôt