Aujourd’hui je me fais une idée plutôt quantique de la vie et de la mort. D’un côté, la traversée d’un champ de mines anti-personnelles à la vitesse de la lumière. De l’autre, un bombardement de particules d’anti-matière qui absorbent chacun de mes faits et gestes.
J’imagine que ma mort sera un non-événement de nature non localisable et indéterminée. Une panne de conscience dans le “ni lieu, ni temps”. Et je n’aurai a priori aucune influence sur son déroulement. Ni déclencheur, ni observateur, ni participant. Ma petite voix intérieure connaîtra le sort de l’instant et du jeu divin entre la particule et l’onde jusqu’à son effondrement et sa cristallisation.
N’en déplaise aux vieux Platon et autres Aristote, la mort s’empresse de crever leur monde des idées comme une baudruche. À partir de ĺà, qu’importe l’histoire et le sens d’un livre si ce n’est de rendre justice à l’oubli ? La mémoire est une forêt obscure dans laquelle seuls viennent se perdre les vivants.
Ne comptez donc pas sur moi pour tomber dans le romantisme écolo et ésotérique ou dans le moralisme du roman à thèse Barrésien, l’important c’est d’inquiéter plus que de rassurer !
Les mots qui suivent sont donc indéterminés par l’auteur, les personnages sont de passage, avec ou sans domicile fixe, les lieux apparaissent flous et incertains répondant aux principes de la physique quantique appliqués au macrocosme.
Mais que l’on se rassure. Il est plus facile d’appréhender le désordre que d’essayer d’organiser le monde avec des idées ou des concepts. L’idée du tout n’est pas une philosophie du tout. Autrement dit, ce n’est pas du tout une philosophie.
L’important c’est qu’est-ce qu’on attend et qu’est-ce qui nous attend, ici et maintenant ? Tout peut arriver à tout moment mais rien ne se passe que déjà notre tour de garde est fini. Et la page se tourne sur une autre plage d’attente de ce qui n’arrive toujours pas. Exactement entre Zéro et Un. Mais pour l’instant ni l’un ni l’autre en vue.
Urgent donc de changer d’échelle. Assis dans un coin de la galaxie, balancer les jambes dans l’espace et ronger son frein dans l’attente de l’autre monde. Vivre sur sa lancée, indifférent au sens des aiguilles des montres qui voudraient percer la nuit. Passager d’un jet de sperme dans le vide, grapilleur de secondes comptées jusqu’à la dernière. N’oublie pas d’éteindre tout avant de mourir, sur la seule planète connue du système granulaire de matière vive. At home, je suis atome.