C’est comme si la phrase entre les mots respire. La forme est là pour révéler le fond. Les mots ne veulent rien dire d’autre que ce qu’ils ne disent pas. Alors, droit au silence. J’en appelle à Beckett. Il aurait su, lui. Traquer l’innommable. Infliger sa présence par l’absurde.
C’est le matin. Plus de cinq heures. Elle dort paisiblement. A cette heure-là, il n’y a que l’angoisse pour vous réveiller pendant que dans sa tête, elle déligne les horizons de la journée sans le savoir, soupèse les étoiles comme les fruits avec lesquels colorier notre pas cosmique, notre repas cosmétique. Comique de situation.
La phrase revient pour en chasser une autre. Un autre petit train de mots qui surgit du sable et raye le velours de poussière grise de la bibliothèque. La seule façon de l’arrêter c’est de faire une boule de papier.
Bientôt on n’écrit plus que de vagues listes de commissions, de tristes e-mails, et puis plus rien. Restent des mots hasardés pour mesurer la présence de quelque chose.
C’est en moi ou en plus de moi ?
Déjà que c’est dur de rassembler des mots, alors vous pensez… Une phrase ! Par siècle. De celle qui vous font tourner la tête. En attendant, je me gave de mots, juste pour envisager ce qui n’a pas encore été dit. Ou ce qui me reste à dire.